samedi 30 juin 2012

Stronger ou les rapports entre la musique et l'écriture

La musique m'est indispensable pour écrire.

J'ai plusieurs playlists, en fonction du type d'écrits dans lequel je me plonge. Pour mon roman "Une saison au paradis", j'avais énormément écouté les Doors, par exemple. Pour Ryan Blake, ce fut surtout du metal, dont Kamelot, mais aussi beaucoup de rock.

Un soir que je manquais singulièrement d'inspiration, alors que je devais écrire une scène "sexy" (pour ne pas dire "hot"), j'ai demandé conseil aux copines, un morceau qu'elles pouvaient m'indiquer pour me plonger dans l'ambiance appropriée. L'une d'entre elles (elle se reconnaîtra ! ^^), m'a alors donné le lien de "Stronger" de Thirty Seconds To Mars. J'ai écouté la chanson en boucle pendant une heure et demie. Et j'ai écrit la scène.

Mais ce morceau m'a aussi permis d'écrire une scène-clé du roman. Une scène que je ne peux pas vous révéler ici, sous peine de vous "spoiler" horriblement. Alors, en attendant de lire vous-même la scène, voilà toujours la chanson.

   

 Enjoy! Et bon week-end à tous. ;)

samedi 9 juin 2012

Extraits du tome 1 de Ryan Blake "La Stratégie des Ténèbres

Pour ceux qui n'ont pas encore lu le tome 1, voici quelques extraits (précédemment publiés dans le désordre sur facebook et remis ici dans l'ordre et dans leur forme définitive) pour vous mettre l'eau à la bouche. ^^ Tous les textes sont protégés par le droit d'auteur.
Si cela vous plaît et que vous désirez vous procurer le livre, c'est sur le site des Editions Nergäl. Merci de votre intérêt et à bientôt. :)


Prologue de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

C’était une course. Elle avait commencé il y avait bien longtemps, bien avant que les Hommes ne couvrent la surface du monde. Une course qui les dépassait tous. Ils y participaient, mais pour la plupart, ils ne le savaient même pas.
Lui aussi participait. Et lui aussi, la course le dépassait. Mais au moins, il en était conscient. Il n’ignorait plus rien des enjeux, de ce qui se tramait dans l’ombre. Il faisait partie de l’ombre. Et il courait, comme les autres. Contre les autres. Pour les autres. Tout dépendait de qui étaient ces autres.
Il avait vu les champs gorgés du sang des hommes, la terre vomissant des flots de cadavres qui s’empilaient autour de lui, les têtes sur des piquets, ses pieds faisant un chuintement mouillé, comme un bruit de succion, sur le sol rouge… Il avait vu la guerre, les massacres gratuits d’innocents sacrifiés à la course. À une époque, il avait vraiment aimé cela.
Il avait vu le visage de la Mort. Il était même une de ses nombreuses facettes. Une incarnation de la Mort. Mais la Mort pour qui ? Aujourd’hui, il ne s’attaquait plus aux mêmes personnes, les choses avaient changé… Elles changeaient constamment.

Extrait 1 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

Venise (photographe inconnu)
La moto de Blake vrombissait à peine en traversant la lagune par le Pont de la Liberté au bout duquel scintillaient les lumières de la Sérénissime. C’était réellement un magnifique spectacle que cette vue sur la ville à l’arrivée, même si l’esprit du motard était concentré sur autre chose. La route continuait tout droit vers la gare ferroviaire de Santa Lucia au nord-ouest de Venise, mais au lieu de la suivre, Blake tourna dans une rue à droite, vers l’est, comme pour se diriger en direction du Tronchetto où les touristes garaient leur véhicule, en dehors de la vieille ville. Il bifurqua une nouvelle fois avant d’atteindre la place, longea la gare maritime, traversa le Canal Santa Chiara et parvint sur le parking Piazzale Roma, plus près du centre-ville de l’ancienne Venise. Évoluant avec décontraction à faible vitesse, il en fit le tour, jetant un œil sur les véhicules stationnés. Rapidement, il trouva ce qu’il cherchait. Son flair ne l’avait pas trompé : le Hummer de Yasmine était bien ici. Mais elle, non. Logique.
À partir de là, il fallait normalement continuer à pied ou en bateau. Mais Blake se moquait bien de ce genre de considérations, et il connaissait toutes les « via » et les « calle » où sa moto pourrait circuler. À cette heure tardive, de surcroît, il espérait bien ne pas être arrêté pour si peu. Les rues de Venise étaient cependant encore très animées. Même si septembre venait de pointer son nez, on était toujours en été, il faisait chaud et les Italiens avaient l’habitude de vivre la nuit, comme beaucoup de gens du Sud. Cela plaisait à Blake. Vivre la nuit, c’était son affaire. Il poursuivit sa route, roulant tranquillement et veillant à ne pas faire trop de bruit ni à écraser quelqu’un. Cela aurait été malvenu.
Il sortit du parking et bifurqua à droite pour longer l’entrée du Grand Canal. Splendide. La marée était encore haute mais descendante et une marque sombre, de la largeur d’une main seulement, était visible sur les façades. Conquis malgré lui par le spectacle des bâtiments historiques rivalisant de beauté architecturale et se reflétant dans l’eau, Blake suivit le Grand Canal autant que possible, ne revenant entre les maisons et les palais que lorsqu’il y était obligé, comme lorsqu’il devait aller chercher un pont pour traverser un canal secondaire qui lui bloquait la route. Ce n’était pas le chemin le plus court, vu qu’il zigzaguait, mais c’était celui qu’il avait envie de prendre. Après tout, il n’était pas à cinq minutes près et il suivait tout de même sa piste.

Extrait 2 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)
Picture from DeviantArt.

Deux heures et pas mal de clopes plus tard, la porte d’entrée de l’immeuble s’ouvrit, et la moiteur de l’air augmenta d’un seul coup dans le couloir. L’orage était passé, il avait plu, mais il faisait toujours aussi lourd.
Des pas résonnèrent dans l’escalier, ainsi que des voix féminines. Blake reconnut sans peine les deux interlocutrices, et il se releva aussitôt. Quand les jeunes femmes arrivèrent sur le pallier, il se tenait debout, nonchalamment appuyé contre le mur, les mains dans les poches de son manteau de cuir.
Il était clair que les deux jeunes femmes l’avaient reconnu en arrivant, elles aussi, à la façon dont leurs yeux s’écarquillèrent. Si Blake avait eu un cœur vivant, il aurait battu la chamade en les apercevant. Exactement comme les leurs battaient, en cet instant, surtout l’un d’eux. Blake l’entendait distinctement, et il n’eut aucune difficulté à savoir lequel.
Une adorable blondinette, la plus grande et la plus jeune des deux filles, eut un immense sourire en le voyant et courut se jeter dans ses bras. Blake sentit la chaleur de son corps juvénile contre lui. Son cœur qui battait. La douceur de ses cheveux contre sa joue. Dieu qu’il était bon de retrouver des amies !
« Ryan ! C’est toi ! Ça fait tellement longtemps…
– Hé là, hé là ! fit le vampire en la serrant légèrement contre lui avant de l’écarter pour la regarder droit dans les yeux. Salut, microbe ! Pardon, Laurell, rectifia-t-il en voyant son froncement de sourcils. Comment ça va ?
– Bien, fit Laurell avec enthousiasme. Et toi ? Tu as toujours ton manteau de cuir, à ce que je vois… »
Elle lui tira brièvement la langue, mutine et vaguement jalouse. Elle savait que c’était pour lui un souvenir précieux, en dépit de sa vétusté. À vrai dire, le manteau était tellement vieux, et Blake l’avait tellement malmené au cours de ses divers combats, qu’il avait dû être plusieurs fois rapiécé. Pour finir, il était devenu une sorte de patchwork de cuir, mais il restait toujours aussi bien coupé qu’à l’origine et Blake l’entretenait avec soin.
« Tu t’en es donc sorti ? reprit-elle aussitôt, un large sourire revenant illuminer ses prunelles noisette. Je suis tellement contente ! On n’avait aucune nouvelle… »
Bien entendu, songea Blake, elles étaient au courant de son combat à La Nouvelle-Orléans, contre toute la clique du Centre. Et elles s’étaient inquiétées. À juste titre, d’ailleurs, car en fin de compte, bien peu s’en étaient sortis vivants, des gentils et des mauvais… Mais lui, si. Par les feux de l’enfer, il n’avait pas pu s’empêcher d’en rire !
« Eh oui, tu vois… Le grand méchant Blake a survécu à une méga bataille de plus ! Deux fois, on m’a donné pour mort, et deux fois, j’ai survécu. Ça t’en bouche un coin, globule ?
– Toujours chasseur de primes, alors ?
– Toujours…
– Salut, Blake ! »
Une voix douce venait de les interrompre, et Blake se tourna vers la jolie brune qui avait prononcé ces mots, d’un ton tranquille. C’était Megan, la redoutable sorcière. Elle avait vraiment beaucoup changé depuis la première fois qu’il l’avait rencontrée, se dit Blake. À l’époque, elle était une petite adolescente timide, qu’il avait failli tuer, d’ailleurs. Le pire, c’est que c’était sans le faire exprès, car ce n’était déjà plus dans ses façons d’agir que d’attaquer et de tuer comme ça, gratuitement. Par plaisir. Et même s'il était déjà un vampire.


Extrait 3 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

Theyla, dessin de Melegann.
Tous droits réservés.
Trois dixièmes de seconde plus tard, et comme il s’apprêtait à plaider sa cause de façon plus convaincante auprès de Megan, la porte de l’immeuble se rouvrit. C’est alors qu’un parfum incroyable parvint aux narines de Blake.
En tant que vampire, son flair était plus développé que celui des êtres humains. Mais là, l’intensité de l’odeur le renversa presque littéralement. C’était un arôme capiteux, porteur de promesses de jouissance. Une senteur lourde et légère à la fois, riche et précieuse, sucrée, douce, avec quelque chose de piquant, cependant. Juste ce qu’il fallait de piquant pour exciter ses papilles, et même tout son corps ! Son appétit se trouva instantanément décuplé, et il sentit l’envie de sang bouillonner en lui avec fureur.
« Mais… qu’est-ce que… ? » commença-t-il, avant de se rendre compte qu’il se mettait à gronder, comme un animal.
Megan le regarda bizarrement, et il parvint à retrouver suffisamment de self-control pour se taire. Visiblement, la sorcière ne ressentait pas la même chose que lui. Pourtant, l’odeur fleurie, un peu métallique et en même temps si… chocolatée… ou peut-être fruitée… sucrée, en tout cas… s’amplifiait encore. Il était impossible qu’elle ne la perçoive pas. C’en était enivrant. Blake sentit la tête lui tourner.
Une fille approchait avec Laurell dans le couloir, et ce n’était pas Yasmine, la troisième sœur Atherton. Celle-ci, il ne la connaissait pas, il ne l’avait jamais vue. Mais ce fut tout ce que Blake en observa, tandis qu’elle arrivait vers Megan et lui. Le parfum était si fort qu’il sentit que son visage allait se transformer en ce masque bestial que prenaient les vampires au moment de mordre, lorsque le démon en eux se révélait. Au prix d’un effort colossal, il se détourna, sentant ses muscles faciaux se contracter sous la pression de la métamorphose, tandis que ses crocs s’allongeaient déjà.
C’était cette fille qui embaumait de la sorte ! Une fille ! Oh, Seigneur… Les femmes avaient toujours été son talon d’Achille. Il s’était fourré dans des situations impossibles à cause de plusieurs d’entre elles, parce qu’il les aimait, parce qu’il voulait les tuer, ou les sauver. Ou les deux. Les femmes lui faisaient faire n’importe quoi, vampire ou pas. Il avait même accepté de mourir, pour une fille ; mourir une deuxième fois, disons. Si ce n’était pas être prêt à toutes les folies pour une femme, ça ! Maintenant, si en plus les jolies nénettes se mettaient à sentir de la sorte, au point qu’il en perdait tout contrôle de lui-même, ce n’était pas du jeu ! Il secoua la tête.
« Eh, oh ! Réveille-toi, Blake, les règles ont toujours été faussées, tu le sais… »
Le vampire dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas se jeter sur la jeune femme et la dévorer dans la seconde. Comment était-ce possible ? Une telle fragrance aurait dû être interdite par une loi sacrée et inviolable ! C’était insensé. En dépit de toute sa détermination, il savait qu’il avait pris son visage de tueur, la mâchoire avancée, les crocs sortis… Il ne ressentait plus rien. Plus rien que cette incroyable odeur qui l’envahissait, le submergeait, le faisait sombrer… Il se glissa dedans, ayant le sentiment de suivre les battements du cœur de la fille, lesquels allaient en s’accélérant.
« Blake ! »
Soudain, il prit conscience qu’on l’interpellait. Il gronda, fit bouger sa tête d’un côté à l’autre sur ses épaules pour détendre sa nuque et se retourna finalement vers les jeunes femmes, son visage humain retrouvé, les canines rengainées. Laurell le regardait, l’air visiblement agacée :
« Ça ne va pas, de nous tourner le dos comme ça et de te mettre à grogner ! Qu’est-ce qui te prend ? »
Mais Blake n’en avait cure. Il ne pouvait que regarder l’inconnue, la troisième fille. Il aurait été incapable de dire si elle était brune ou blonde, si elle avait les yeux bleus ou noirs. Tout ce qu’il voyait, c’était les vagues de pouvoir qui s’échappaient d’elle. Elle avait un magnétisme incroyable : quelque chose de fort et d’étrange se dégageait d’elle, mais c’était quelque chose de rassurant, également. Pourtant, elle était jeune, très jeune. Ou, en tout cas, elle paraissait très jeune. N’importe comment, ce pouvoir attirant comme un aimant, ajouté à l’arôme qu’elle dégageait, c’était intenable. Cette fille troublait tellement le vampire qu’il aurait préféré l’ignorer, faire semblant de ne pas la voir. Malheureusement, c’était impossible. S’il avait été humain, il aurait eu les mains moites et la sueur aurait dégouliné dans son dos. Mais il n’était pas humain.

Extrait 4 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

« Auriez-vous étudié ma biographie en détail ?
– En quelque sorte, fit-elle en souriant. Vous êtes d’ailleurs un sujet intéressant ! Comme je vous le disais en arrivant, je me suis beaucoup renseignée sur les gens que je venais rejoindre, avant d’effectuer le voyage. Les Chasseresses et leur entourage. Je ne voulais pas venir au hasard…
– Vous avez fait des recherches ? Et par quels moyens ? Nous ne figurons pas dans le bottin ! Encore moins dans la liste ‘people’. »
Blake était sincèrement étonné. Theyla eut une petite moue ironique :
« Qu’est-ce que vous croyez ? Aujourd’hui, tout le monde est fiché, classé, répertorié. Il suffit juste de savoir où chercher.
– Si je comprends bien, conclut le vampire en exhalant une bouffée de nicotine par la fenêtre, vous êtes un petit génie de l’informatique et vous craquez les dossiers secrets des différents gouvernements. »

Extrait 5 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

« Et de quel côté se situent-ils ?
– Que voulez-vous dire ? demanda Theyla, surprise.
– Ce sont des chapeaux blancs bardés de bonnes intentions qui ne peuvent s’empêcher de policer le monde ou ce sont des vilains méchants ?
– Parfois, la frontière est mince. Il y en a des deux côtés. »

Extrait 6 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

Elle se détacha de lui et le regarda :
« Idiot ! »
Elle souriait. Super ! Ça ne se passait pas trop mal, en fin de compte. Le regard de la rouquine glissa sur le manteau de cuir qu’il avait posé sur le canapé. À la différence de sa sœur, ça ne la gênait pas plus que ça. Pourtant, elle aussi savait que c’était le souvenir d’une ancienne conquête. Mais elle n’était pas jalouse des fantômes du passé. Et à ses yeux, le manteau usé de Blake était comme un signe distinctif. Elle lui avait dit, une fois, qu’avec ça, il lui faisait penser à Van Helsing. Blake n’avait pas compris… et pas cherché à comprendre.
« Comment va Richard ? » demanda-t-elle alors.
Raté. Ça se passait mal. Pourquoi fallait-il qu’elle ramène Richard sur le tapis ?

Extrait 7 de "La Stratégie des Ténèbres" 
par Sklaerenn Baron (copyright)

À ce moment précis, la porte d’entrée s’ouvrit et James apparut.
« Blake.
– James. »
L’entrée en matière était plutôt froide. James n’avait jamais apprécié le vampire, et Blake s’en battait l’œil royalement. Il se campa devant le nouveau venu.
« Toujours borgne ? lança-t-il, goguenard.
– Toujours vampire ? riposta l’autre d’un ton rogue.
– Ça craint.
– Tu l’as dit. »
Au moins une chose sur laquelle ils étaient d’accord. 

Extrait 8 de "La Stratégie des Ténèbres" 
par Sklaerenn Baron (copyright)

« Vous ne manquez pas d’audace ! remarqua-t-elle aussitôt, mais le son de sa voix était plus ravi que réprobateur.
– Allons, Theyla, fit Blake d’un ton enjôleur, nous sommes au XXIème siècle. Ce n’est qu’un petit baiser. Je ne vous ai pas violée…
– De la part d’un vampire du XVème siècle, c’est un comble…
– Non, rectifia-t-il nonchalamment, le comble n’est pas atteint. Le comble, ce serait justement que je vous viole comme le faisaient beaucoup de mes pairs au XVème siècle, en territoire conquis. Vous seriez… un trophée de guerre. Je l’aurais bien mérité, après tout. »
Elle s’étrangla de rage, incapable d’articuler un mot. 

Extrait 9 de "La Stratégie des Ténèbres" 
par Sklaerenn Baron (copyright)

« Vous êtes en sécurité avec moi, répondit Blake, entrant à son tour. De plus, moi aussi, j’ai faim, et je ne me plains pas. »
Elle le regarda du coin de l’œil.
« C’est une blague, j’espère ? »
Blake ricana :
« Non. Et vous êtes la seule source de nourriture dans les environs, pour moi… » ajouta-t-il par pure provocation.
Cela eut l’effet escompté. Elle frissonna.
« Qu’est-ce qui me prouve que vous n’êtes pas plus dangereux que l’Immortel, en fin de compte ? » le défia-t-elle.
Il s’avança vers elle, jusqu’à la frôler. Jusqu’à ce que leurs chaussures se touchent. Les petites sandales fines de Theyla contre ses grosses Docksides noires. Le contraste était saisissant.
« Rien du tout, répondit-il. Pour la bonne raison que je suis plus dangereux que lui. »

Extrait 10 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)
Photo de "Vampire"
(http://www.facebook.com/pages/
vampire/30941238769)

Ce fut alors que les démons attaquèrent à leur tour. Des choses monstrueuses, d’au moins deux mètres de haut, grises et brunes, avec des yeux rouges luisants. À côté d’eux, malgré son mètre quatre-vingt, Blake avait l’air d’un petit garçon.
« Dos à dos ! » cria-t-il.
Mais Theyla s’était déjà repositionnée toute seule. Elle avait également repris son pieu dans une main, même s’il n’allait pas lui être d’une grande utilité dans ce cas précis. Et de l’autre, elle sortit son flingue de son dos. Bonne idée.
Le glaive était apparu dans la main de Blake en une fraction de seconde, d’un geste trop rapide pour l’œil humain. Une tête démoniaque roula presque aussitôt sur le sol et le corps massif s’écroula avec un « vlouf » écœurant.
Dans le dos du vampire, l’Irlandaise tira en direction d’un de leurs agresseurs. À en juger par le grognement qui suivit la déflagration, elle avait fait mouche, mais Blake ne se retourna pas pour vérifier. Malheureusement, le démon n’était visiblement pas assez atteint, car le vampire l’entendit beugler avant de se précipiter vers eux.
« C’est mon mini-Uzi qu’il faudrait, songea-t-il en une fraction de seconde. Note à moi-même : ne jamais oublier mon fusil d’assaut à l’avenir. »
Blake virevolta et se plaça devant Theyla, avant que le démon ne l’atteigne. Son glaive s’enfonça jusqu’à la garde dans le ventre de la créature et brisa la colonne vertébrale. Avec un râle, la chose s’écroula à ses pieds tandis qu’il retirait son arme, la main et la lame couvertes d’un liquide poisseux et chaud. Puis, sans une seconde d’interruption, il para un coup de poing venu de sa droite, fit voltiger une deuxième tête et entailla le flanc d’une troisième créature.
Toujours dans son dos, Theyla essayait de suivre le mouvement du mieux qu’elle pouvait et tournait sur elle-même pour essayer de ne jamais présenter son dos à l’ennemi. Mais il y eut un bref instant où elle ne fut pas assez rapide. Blake tourbillonnait trop vite.
Ayant surgi derrière elle, un démon l’avait déjà attrapée par son foulard et l’étranglait à moitié, la traînant par terre lorsque le vampire comprit ce qui se passait. L’odeur du sang jaillit. Blake rugit, sans pouvoir se contrôler. La fureur l’emporta, il se transforma et attaqua le démon à son tour. Theyla, qui retenait le tissu de ses deux mains, se débattait comme une furie pour essayer de se libérer et de retrouver sa respiration. À cet instant, elle aperçut alors le vampire sous son apparence bestiale et l’effroi se lut dans ses yeux. Mais Blake était ivre de rage, de sang et de bagarre et en cette seconde précise, il se fichait royalement de la terreur de Theyla. Au contraire, ça l'excitait.
Il s’abattit en grondant sur le démon qui leva une patte griffue pour se protéger et de l’autre jeta Theyla au sol en la giflant brutalement. Dans un sursaut de lucidité, Blake se demanda si la créature n’avait pas failli dévisser le cou de la jeune femme, mais tout aussitôt, la rage reprit le dessus en lui, le submergea, l’emporta dans un flot de démence et de frénésie. Il envoya son poing dans le ventre du démon, et alors que la chose hideuse restait pliée en deux, il attrapa sa tête entre ses mains et lui infligea une violente torsion. Le cou du démon craqua avec un bruit que Blake trouva délectable, et il y plongea ses crocs, déchirant les chairs pour se retrouver éclaboussé d’un liquide chaud et brun. Mais le sang du démon n’était pas bon, il avait un goût de cendres amères, et Blake le recracha aussitôt.
Mais du sang, il y en avait du meilleur, juste à côté, à portée. Du délectable, même. Le vampire se retourna avec un mouvement souple de fauve. Theyla avait atterri avec un bruit mat, en poussant un léger cri, et elle restait à moitié sonnée, toussant et suffoquant, incapable de se relever. Elle était visiblement blessée au visage, là où le démon l’avait frappée. Blake fit un pas vers elle, prêt à achever le travail qui avait été commencé par son ennemi, mais d’autres démons étaient là.
Le cerveau de Blake était déconnecté. Il n’était plus qu’un prédateur, se battant pour conserver sa proie. Il ne protégeait plus Theyla en cet instant, il la voulait seulement pour lui tout seul… Tous ses sens étaient exacerbés, en alerte. Deux démons lui sautèrent dessus en même temps, tandis qu’un troisième s’approchait de Theyla. La violence de Blake se déchaîna. Coup de pied, coup de poing, coup de glaive, c’était un vrai tourbillon… Pour Blake, le monde se résumait à des formes vagues qu’il se contentait de frapper et frapper encore.

Extrait 11 de "La Stratégie des Ténèbres" 
par Sklaerenn Baron (copyright)

Elle se tourna vers le vampire avec un sourire enjôleur.
« En tout cas, j’espère vraiment que nous le reverrons rapidement, cet Antonio, et sans attendre une autre vie. Un vrai régal pour les yeux.
– Oui, pour qui aime le genre « tout-dans-les-muscles-rien-dans-la-tête » ! »
Theyla ne put s’empêcher de rire :
« Il ne m’a pas paru stupide du tout. Je dirais plutôt : pour qui aime un esprit sain dans un corps sain.
– Dans ce cas, je suis aussi bien placé que lui.
– Oh, vous êtes très différents, pourtant ! protesta Theyla, visiblement amusée.
– Je ne vois pas ce qu’il a de plus que moi, grogna Blake.
– Non, vraiment ? fit Theyla avec un petit sourire en coin. Déjà, il a un cœur qui bat et le sang chaud.
– Et alors ? Est-ce que ça le rend vraiment humain ?
– En tout cas, beaucoup plus que vous, déjà. Au moins, il est vivant, lui. »


Extrait 12 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

"Strategy of Darkness", painting by Melegann.
Tous droits réservés.
Theyla se laissa soigner comme une enfant. Il l’aida à se déshabiller et à se débarrasser lentement de sa veste et de son pull. Elle n’avait rien d’autre en dessous que son revolver, coincé dans la ceinture de son pantalon. Et son soutien-gorge. Très joli, d’ailleurs, ne put-il s’empêcher de remarquer. Rouge, en dentelle. Blake sentit une boule se former dans sa gorge, tandis qu’une autre partie de son anatomie commençait, elle aussi, à réagir.
« Un Beretta 92, constata-t-il, sans rien montrer des sentiments qui l’animaient. Où avez-vous déniché ça ? »
Theyla eut un faible sourire.
« C’était à mon père… C’est une des rares choses qui me viennent de lui…
– Et vous savez vous en servir, à ce que j’ai pu constater… » approuva Blake.
Décidément, cette fille lui plaisait de plus en plus. Après avoir posé par terre revolver et pieux (finalement, il s’avérait qu’elle en avait deux sur elle), le vampire s’affaira à déboutonner le pantalon de Theyla et à le lui retirer. Oh… String assorti au soutien-gorge. Cette fois, c’était définitif : il en était fou. Wow ! Comment une fille comme ça avait-elle pu envisager de devenir religieuse, à un moment donné de sa vie ? Le virage effectué était à cent quatre-vingt degrés.
La jeune femme était maintenant seulement en sous-vêtements et Blake ne put résister au fait de la jauger du regard. Bien qu’un peu amochée par la bagarre, hélas, elle était superbe ! Son corps était aussi mince et aussi finement musclé qu’il le semblait, sans le moindre surplus de graisse, avec des formes exactement là où il en fallait. Le vampire était conscient de profiter un peu de la situation, mais il n’y pouvait rien. Il n’allait pas poser les yeux ailleurs que sur le corps de Theyla, non ? Il devait l’aider… donc la regarder !
« Blake, nous sommes bien d’accord ? protesta-t-elle soudain, affreusement gênée. Vous allez juste me soigner et m’aider à me laver, n’est-ce pas ? Pas me faire un coup tordu de séduction vampirique ? Parce que ça, je ne le supporterais pas.
– Nous sommes bien d’accord, lui accorda Blake. Je n’avais absolument pas envisagé autre chose que de vous aider, c’est promis ! » assura-t-il avec une moue qui se voulait craquante.
Et qui l’était, à en juger par le regard de Theyla.
« Maintenant, laissez-moi vous soigner, ajouta-t-il d’un ton décidé. Vous risquez de trouver ça dégoûtant, mais ça m’est égal. C’est la seule solution pour que vous alliez vraiment mieux d’ici demain… Vous ne voulez définitivement pas boire de mon sang ? »
Elle secoua la tête, l’air d’avoir envie de vomir.
« Tant pis, on fera autrement… »
Aussitôt, sous les yeux effarés de Theyla, Blake mordit dans son propre poignet. Le sang gicla instantanément et, quand le flot fut suffisamment abondant, Blake le fit couler sur les plaies de la jeune fille et au fur et à mesure, il frotta doucement dessus son poignet blessé, afin d’étaler le fluide et de le faire pénétrer. D’abord sur son bras, puis ailleurs, partout où il y avait des lésions apparentes. Puisqu’elle ne voulait toujours pas avaler de son sang, il se dit qu’en fin de compte, elle en absorberait quand même une certaine quantité, à travers ses blessures. Ce n’était qu’un filet, mais Blake espérait sincèrement que ce serait suffisant.
Cela prit un certain temps, et le vampire se rendit rapidement compte que cela avait quelque chose de presque jouissif, car ça permettait à leurs humeurs de se mélanger, dans une certaine mesure. Un peu comme ce qui s’était produit lorsqu’il avait soigné sa main, mais en plus intense encore. C’était une sensation étrange, mais ô combien agréable…
Theyla n’avait pas l’air de trouver désagréable non plus qu’il la manipule de cette façon, avec douceur et attention. Au contraire. Blake voyait ses pupilles se dilater, son souffle s’accélérer, et tandis que sa peau était parcourue de légers frissons, son visage rosissait… Parfois, une grimace lui échappait lorsqu’il touchait un point plus endolori que les autres, mais assez rapidement, elle éprouvait les bienfaits du sang de vampire, et elle se détendait.
Quand Blake eut fini d’administrer son étrange traitement, du moins aux yeux d’une humaine, Theyla était presque rouge de la tête aux pieds et Blake se sentait euphorique. Et bien qu’il eût perdu du sang, le peu de celui de Theyla qui était passé dans son organisme lui donnait le sentiment d’être en pleine forme, comme s’il s’était nourri. Il se sentait plus fort, réchauffé… Heureux.
« Parfait… dit-il d’un ton satisfait… Et maintenant, à la douche, ma Lady. Vous avez l’air d’un épouvantail ! »

Extrait 13 de "La Stratégie des Ténèbres"
"Strawberry Desert", par Qiubi
(sur DeviantArt.com)
par Sklaerenn Baron (copyright)

Le lendemain, Blake s’approcha de Theyla, au petit déjeuner. Elle inspectait ses mains et ses bras, couverts de bleus depuis leur dernière séance d’entraînement. Elle ne pouvait s’empêcher d’appuyer dessus pour voir si ça faisait vraiment mal. À en juger par sa grimace, oui.
Cela faisait plus de douze heures qu’ils n’avaient pas passé un moment seuls ensemble. Depuis les explications houleuses qu’ils avaient eues, après la séance d’hypnose. En un sens, Blake se rendait compte que ça lui avait manqué.
Les yeux du vampire s’animèrent d’ailleurs en se posant sur la jeune fille. Elle était toujours aussi irrésistible pour lui, et il savait qu’il l’était aussi pour elle. Elle l’avait avoué. Et en cet instant, il avait terriblement envie qu’elle en soit pleinement consciente… Pure provocation, il devait l’admettre. Elle l’avait malmené la veille, il allait donc lui montrer ce qu’il en était réellement de ses sentiments. Elle ne le haïssait pas, il en était certain. Il avança vers elle avec assurance, roulant presque des hanches, provocateur comme toujours. Travolta n’avait qu’à aller se rhabiller.
« Bonjour Theyla ! »
Son sourire ravageur fit fondre la jeune fille, en dépit de son air glacial. Super sexy. C’était ce qu’elle pensait de lui. Il le sut instantanément à la façon dont elle le regarda, lisant en elle comme dans un livre ouvert. Il sut aussi qu’elle le trouvait impudent à afficher ainsi sa totale confiance en lui sans complexe, mais elle ne pouvait s’empêcher d’aimer son insolence. Et il devina exactement la question qu’elle se posait : pourquoi avait-il tant d’effet sur elle ? Elle n’était pas de celles qui se laissaient avoir par une bête séduction physique, il lui fallait plus que ça, alors quoi ? Il perçut sa colère contre elle-même et sa frustration devant son incapacité à lui résister. Cela s’échappait d’elle par ondes successives, mêlé à des vagues de désir. Il en huma le parfum et se sentit enivré.
Il savait l’effet qu’il avait sur elle. Son regard glissait sur lui, de ses cheveux blonds et brillants jusqu’à ses hanches étroites. Elle avait conscience de le dévorer du regard mais ne pouvait s’en défendre, de toute évidence. Et comment aurait-elle pu ? Parfaitement conscient qu’il était d’une beauté dévastatrice, il en jouait sans arrêt, avec son air canaille et son charme mystérieux. Comment n’aurait-elle pas succombé, alors, pauvre petite humaine ?
Theyla faisait visiblement de gros efforts pour garder une contenance. Lorsqu’il la regardait ainsi, la déshabillant du regard sans vergogne, il lui donnait vraiment l’impression d’être toute nue devant lui. Il le devinait. Il adorait ça. Et elle aussi, quelque part, derrière sa gêne.
« Bonjour… » répondit-elle brièvement.
Avantage pour lui, se dit Blake. Elle ne le « haïssait » visiblement pas au point d’en oublier sa bonne éducation. Mais tout aussitôt, elle s’écarta de lui d’un bond pour faire semblant de chercher à manger dans le placard, en lui tournant ostensiblement le dos. Le vampire retint un soupir exaspéré.
Depuis la veille, elle le fuyait systématiquement. Il avait passé la nuit sur le seuil de sa porte, comme d’habitude, mais ça avait été le moment où il avait été le plus proche d’elle, tant elle s’était ingéniée à mettre de la distance entre eux deux. Était-ce parce qu’elle avait peur de lui ou parce qu’elle était en colère contre lui ? Ou les deux à la fois ? Bizarrement, il n’aurait pas su le dire. Cependant, il n’allait pas s’avouer battu aussi facilement.
Elle énumérait maintenant ce qu’il y avait à manger dans le placard, plus pour elle que pour lui d’ailleurs, mais il n’écoutait pas.
« Et vous ? Vous êtes aussi à consommer ? demanda-t-il à brûle-pourpoint, juste pour le plaisir de la mettre dans l’embarras. Parce que je vous trouve à croquer… »
La jeune fille se tourna immédiatement vers lui, ses longs cheveux noirs virevoltant comme un voile autour d’elle. Un geste réflexe, sans aucun doute ; pour pouvoir le surveiller et prévenir toute attaque. Ses yeux violets flamboyèrent, et Blake entendit le sang de Theyla rugir et ne faire qu’un tour dans ses veines, les pulsations de son cœur s’affoler. Pourtant, ce n’était pas simplement de la peur, comme il l’avait cru pendant une brève seconde. Ni de la colère, en dépit de l’air qu’elle se donnait. Il y avait clairement autre chose…
« Je ne le sais que trop bien… » siffla-t-elle entre ses dents, son regard lançant des éclairs.
Le sourire de Blake s’élargit encore.
« Oh, mais ce n’était pas au sens propre… protesta-t-il. C’était au sens figuré… »
La jeune fille rougit brutalement. Il la regarda, satisfait d’avoir obtenu la réaction qu’il espérait. Maintenant, il avait la réponse à sa question. Oui, elle éprouvait de la frayeur, et oui, elle était furieuse. Mais c’était de ses propres réactions qu’elle avait peur, et c’était à elle-même qu’elle en voulait, exactement comme la veille ; parce qu’elle éprouvait des sentiments pour lui, de l’attirance, un désir qu’elle ne pouvait pas contrôler. Et il était content de voir qu’il ne lui était pas devenu insensible d’un seul coup, en dépit de son attitude glaciale. Tout était toujours d’actualité.
Évidemment, c’était puéril de sa part à lui de se comporter ainsi et de la provoquer de cette façon. Mais c’était plus fort que lui. Il aurait dû être satisfait qu’elle l’évite et se contenter d’une protection « à distance ». C’était mieux pour eux deux. Mais cela ne lui convenait pas du tout. L’Irlandaise lui manquait dès qu’il n’était plus près d’elle. Vraiment près d’elle. Il était drogué d’elle. Pitoyable. Et pourtant vrai.
« Je suis désolé pour hier… reprit alors le vampire, redevenant brusquement sérieux.
– Non, coupa-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, comme pour se protéger. Ce n’est pas la peine… »
De nouveau, elle lui tourna le dos et fouilla dans le même placard qu’elle avait déjà exploré, avant de le refermer sans avoir rien pris.
« C’est ma faute ! poursuivit-elle. J’aurais… j’aurais dû savoir ce qui allait arriver. C’était à moi de me protéger, de faire attention. Je n’ai pas été à la hauteur, voilà tout, et j’étais tellement furieuse après moi que… que je m’en suis prise à vous ! »
Blake commença à rire.
« Vous n’avez pas d’excuse à me faire… » continua Theyla.
Le vampire blond secoua la tête, ahuri d’un tel changement de comportement :
« Vous êtes complètement folle, ma parole ! Vous raisonnez totalement de travers.
– Non. Vous n’êtes pas responsable de ce qui s’est passé, c’est dans votre nature. Vous me l’avez dit. J’ai compris. »
Blake mit les mains sur les hanches, un peu surpris.
« Vous avez admis ça ? fit-il d’un ton arrogant. Eh bien, au moins, comme ça, on avance.
– Oui. J’ai compris ce que ça signifiait précisément : même avec une âme, vous restez dangereux.
– Très bien ! Dans ce cas, tout est réglé. Je vais partir. Il ne faut pas que je continue à rester près de vous. Yasmine a eu tort de me confier la mission de vous protéger. »
Il savait que c’était plus facile à dire qu’à faire et prévoyait déjà la cure de désintoxication qu’il allait s’infliger à lui-même en quittant le manoir et en laissant Theyla ici. Ce serait affreux. Il se souvenait parfaitement du manque ressenti en seulement quelques heures d’absence à Venise. Theyla lui était devenue bien trop indispensable.
« Vous rigolez ou quoi ? »
Elle s’approcha de lui et l’attrapa par le bras :
« Vous vous défilez, c’est ça ? »
Elle était à nouveau furieuse. Comment pouvait-elle changer aussi rapidement d’humeur ? Blake recula. Le parfum de Theyla était soudain beaucoup trop fort.
« Oh ! Qu’est-ce que tu me fais ? songea le vampire. Pourquoi as-tu un tel effet sur moi ? Qui es-tu, toi aussi ? Quel secret caches-tu pour que ta présence me fasse sans arrêt perdre mes moyens ? »
« Bien sûr que non ! répondit-il tout haut. Ce n’est pas dans mon genre !
– Fort bien ! acquiesça-t-elle d’un ton ferme. Alors, nous reprendrons les exercices. Et cette fois, je ne me laisserai plus surprendre. »
Et sans un mot de plus, elle le planta là et s’approcha de la sortie.

Extrait 14 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

Photo récupérée sur le Net
(auteur inconnu)
À quelques jours de là, pendant un entraînement, Blake décida Theyla à faire un peu de lutte. Rien de violent, il ne voulait pas la blesser ou blesser son bébé… qu’on ne voyait toujours pas, d’ailleurs. Mais en faisant des mouvements au ralenti, elle pourrait probablement apprendre à enchaîner des prises et des esquives.
« Allez, Theyla, un petit effort ! »
Blake n’avait pas la patience de Richard lorsqu’il entraînait Yasmine ou Angela. Mais il y mettait toute sa bonne volonté. Et comme la relation qu’il avait avec l’Irlandaise était redevenue aussi normale et paisible que possible, il redoublait de vigilance pour éviter de la froisser ou de lui faire peur, et pour maintenir le statu quo.
« Je ne peux pas le faire… » grogna la jeune fille.
Elle non plus n’était pas un modèle de patience. Elle s’énervait même plutôt rapidement quand elle ne parvenait pas à faire ce qu’elle voulait.
« Vous pouvez essayer, l’encouragea Blake.
– Bien sûr. Je peux aussi essayer de ressembler à Catherine Zeta-Jones dans « Zorro ». Ce n’est pas pour ça que ça va marcher. »
Mais, tout en disant cela, elle avait commencé le mouvement, et Blake se retrouva au sol, la tête prise dans le bras de la jeune femme assise presque sur son dos.
« Voilà… approuva le vampire. C’est ainsi qu’il faut faire. »
Le creux du bras de Theyla frôlait sa joue pâle, et au même moment, il sentit les pulsations régulières de son pouls, plus fort que jamais, la vie qui battait en elle, le sang qui circulait, comme un appel sauvage. La peau de la jeune fille était lisse comme la soie, chaude, si chaude contre sa joue… C’était réconfortant et enivrant. Elle avait un parfum sucré, comme celui d’un fruit défendu. Il eut un étourdissement et ferma les yeux.
« De toute façon, je préfère Salma Hayek, ajouta-t-il dans le même temps.
– Vous êtes aveugle ou quoi ? riposta Theyla, ravie de sa manœuvre. Catherine Zeta-Jones est bien plus sexy. »
Blake ouvrit les yeux et les tourna vers la jeune fille, un sourire narquois aux lèvres :
« Non, je ne suis pas aveugle. Je vous vois. Et ce que je vois… Wow… »
Elle rougit, et il sentit le sang circuler encore plus vite dans ses veines. Soudain, il se dégagea de sa prise, avec une extrême facilité mais sans brutalité, et il se redressa. Et tout aussi soudainement, ce fut elle qui se retrouva sous lui. Incapable de bouger, et incapable de comprendre comment il avait fait. Blake eut un sourire en la sentant se débattre vainement sous lui. Il n’en pesa que plus de tout son poids sur elle. Elle le sentit. Rouge de colère, cette fois, elle évita son regard et tourna la tête.
« D’accord, j’ai perdu… reconnu-t-elle dans un souffle.
– Une fois de plus, acquiesça Blake, ironique. On dirait que les arts martiaux ne sont pas encore votre fort…
– Lâchez-moi, alors ! riposta-t-elle avec agressivité. Je veux recommencer depuis le début.
– Pourquoi recommencer ? Vous êtes fatiguée. Et ce sera pour le même résultat.
– Au bout d’un moment, je finirai par y arriver… »
Elle grognait presque. Visiblement, sa fierté en prenait un coup à chaque fois. Blake respira doucement, juste pour sentir un peu son parfum.
« Vous êtes très persévérante, murmura-t-il alors, je dois le reconnaître. Pas patiente, mais persévérante. Vous n’abandonnez pas facilement. »
Pour autant, il ne bougeait pas d’un centimètre. L’odeur de Theyla le faisait fondre. Il n’avait pas envie de s’écarter d’elle. Au contraire. Il se pencha un peu plus sur elle et sentit son pouls s’accélérer. Dieu du Ciel, que c’était délicieux !
« Il n’y a pas que ça que je doive reconnaître… Vous avez du cran, vous êtes jolie…
– La flatterie ne prend pas avec moi ! Si c’est pour me faire mieux accepter ma défaite, c’est raté.
– Votre défaite est dans l’ordre naturel des choses. Je suis un vampire et vous êtes…
– Si vous dites « une faible femme », je me vengerai. »
Maintenant, elle se défendait comme une tigresse. Et son cœur battait la chamade.
« Non. Je voulais dire « une simple humaine ». Vous ne pouvez pas gagner contre moi… »
La veine de son cou pulsait rapidement et il en suivit le tracé avec son index jusqu’à la clavicule. Et l’odeur de Theyla augmentait d’intensité. Blake sentit alors que l’excitation et la faim le gagnaient ; brutalement, violemment, d’un seul coup. Grisé, il respira profondément. Sa bouche erra sur la joue de Theyla. Elle ferma les yeux, mais cessa de se débattre. Surprenant.
La peau de la jeune femme semblait indiquer le chemin à suivre, et la bouche de Blake suivit, glissa vers l’oreille, descendit dans le cou. Theyla faisait visiblement de gros efforts pour ne pas gémir. De frayeur et de désir. Il pouvait sentir les deux parfums se mélanger, exacerbant l’odeur de sa peau. Il sentit que son visage se transformait. Il aurait dû s’écarter d’elle bien avant d’en arriver là… Il le savait.
Et soudain, ce fut plus fort que lui : il mordit dans la gorge délicate de Theyla. Ses crocs percèrent sa peau brûlante, qui éclata doucement comme la peau d’un fruit mûr, comme il l’avait rêvé. Ils s’enfoncèrent dans la chair et trouvèrent la veine, tandis que Theyla gémissait enfin. Ce son résonna en lui, tel une douce musique, provoquant des frissons qui se propagèrent sur sa peau comme une onde électrique, tandis que le sang venait à la rencontre de sa langue, remplissait sa bouche avec fougue. Et il était aussi bon que le promettait le parfum de la jeune fille. Plus étourdissant qu’un vin capiteux. Le sang coula dans la gorge de Blake, et en une demi-seconde, il se retrouva comme saoulé de plaisir.


Extrait 15 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

Lynx. Photo trouvée sur :
thewolf.centerblog.net
« Salut vampire ! l’apostropha soudain Antonio.
– Salut, garou… » grommela Blake.
L’Italien avait senti sa présence, lui aussi. Logique.
« Alors, comme ça, on joue les voyeurs ?
– J’aime observer les animaux sauvages dans leur habitat naturel.
– Ah, ah, très drôle. Je suis intérieurement mort de rire. Ce qui est nettement mieux que d’être mort tout court, d’ailleurs.
– Fais attention à ce que tu dis. »
Antonio haussa les épaules avec désinvolture, pas du tout impressionné.
« Que fais-tu ici ? lui demanda alors Blake. Es-tu donc constamment dans les parages du manoir ?
– Je ne suis jamais loin, en effet. J’y ai quelques amies, maintenant. À ce propos, puis-je te demander des nouvelles de la jolie Theyla ? »
Cette demande irrita Blake au plus haut point. Il démarrait au quart de tour en tout ce qui concernait l’Irlandaise.
« Tu n’as pas à t’intéresser à cette fille ! Elle est à moi.
– Je doute qu’elle soit du même avis. Il vaudrait mieux lui poser la question.
– Nous partageons un lien de sang, maintenant.
– Et alors ? » se rebiffa l’Italien.
Blake gronda. Un grondement animal, féroce.
« Alors… tu n’y touches pas.
– Je pense que c’est plutôt à elle de décider, riposta Antonio d’un ton léger.
– Si tu t’approches encore d’elle, reprit Blake en se plantant devant le garou, je t’arrache un bras.
– Je voudrais bien voir ça. »
Cette fois, Antonio avait durci le ton. Les deux hommes étaient maintenant campés l’un devant l’autre comme des coqs de combat. Les muscles de l’Italien roulaient sous sa peau et Blake sentait qu’il avait furieusement envie d’en découdre. Bêtement et sans pouvoir s’en empêcher, le vampire songea soudain que si Theyla avait été là, elle aurait sûrement trouvé le garou très viril et très séduisant. Cette idée le rendit encore plus furieux.
« Ne me tente pas… grogna-t-il.
– Essaye un peu, pour voir ! »
Blake lança une bourrade à Antonio qui la lui rendit avec un peu plus de violence. Ce fut comme le signal que tous deux attendaient. Le vampire riposta d’un coup de poing en plein visage. L’Italien essuya le sang qui coulait de sa bouche d’un revers de main. Ses yeux flamboyaient de colère. Blake sentit l’odeur du sang décupler son envie de violence, et il ricana, tandis qu’Antonio lâchait froidement :
« T’as vraiment eu tort de faire ça. »
Sa voix était glaciale, mais son corps était brûlant, Blake pouvait le sentir. Brûlant et vibrant de fureur. Il était au bord de se retransformer. Son poing se lança en avant, mais le vampire l’arrêta avant d’être frappé en plein plexus solaire et lui tordit le bras. Cependant, aussitôt, Antonio se retourna, se dégagea et lui envoya un coup de pied dans le ventre. Sous le choc, Blake recula et s’écroula au sol, mais il se redressa d’un coup de reins et fut sur le garou d’un seul bond. Sous son poids, et sous la violence de l’impact, l’Italien tomba par terre à son tour, mais Blake ne le lâcha pas et se pencha sur lui en grognant. Submergé par la rage, il avait perdu toute notion du bien et du mal. La Bête en lui était lâchée et il ne la maîtrisait plus. Il ne voulait pas la maîtriser, d’ailleurs.
Soudain, alors que Blake s’apprêtait à planter ses crocs dans la jugulaire d’Antonio, il croisa le regard rougeoyant de… D’un démon. Aussitôt, le vampire se redressa. Antonio et lui s’étaient laissé surprendre. Ils furent instantanément dos à dos. Ils étaient encerclés. Toute une troupe de démons les avait pris en tenailles. Le clair de lune les éclairait, et ils étaient énormes et affreux. Antonio brailla quelque chose, mais Blake ne l’écoutait plus. Il était dans un tel état de rage, de la rage à l’état pur, brutale et incontrôlable, qu’il en était comme shooté. Il sentait le flot de fureur primitive, animale, se répandre dans ses veines comme de l’acide bouillant.

Extrait 16 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

Tableau de Victoria Francès,
représentant ses personnages
Ezechiel et Favole.
« Mais vas-tu me laisser m’exprimer, espèce de sale vampire obstiné ! »
Blake resta interdit devant cet éclat de voix.
« Écoute-moi, pour une fois, reprit-elle plus doucement, au lieu de te concentrer sur toi, ce que tu dois faire ou ne pas faire, ce que tu as fait et ce que tu n’as pas fait. Je t’aime, grand crétin ! »
Elle fit une pause, visiblement débordée elle-même par la puissance de ses sentiments.
« Même en le voulant, reprit-elle, je ne peux pas ignorer ce que je ressens pour toi depuis… depuis le début, en fait. C’est plus grand que moi, ça me dépasse, et ça dépasse toutes mes peurs et toutes mes colères… Je ne sais pas comment ça se fait, mais tu es celui que j’attendais, celui que j’espérais sans oser y croire et il me semble que je te connais depuis des siècles, depuis toujours… »
Blake ne savait plus que dire, à la fois dévasté et comblé par cette révélation. C’était tout ce qu’il avait redouté et tout ce dont il avait rêvé. Theyla se rapprocha de lui, jusqu’à le frôler. Troublé, il posa les yeux sur son corps, sur ses seins qui se soulevaient au rythme de sa respiration, sur ses cuisses à peine cachées par la robe qu’elle portait ce jour-là… Brusquement, il la saisit par les bras et l’embrassa avec une ferveur presque désespérée.
Elle lui répondit avec une fougue joyeuse et vint se blottir tout contre lui, tellement serrée qu’il pouvait sentir chaque centimètre de son corps collé contre le sien, sa poitrine, son ventre, son bas-ventre… Puis elle quitta sa bouche et embrassa la peau froide de son torse, commençant à déboutonner sa chemise… Il sentit qu’il s’embrasait.
« Oh, Good Lord, tu es tellement belle… » lui souffla-t-il, haletant.
La langue chaude de Theyla glissait sur ses pectoraux, et ses mains descendaient le long de son ventre, sans timidité. Ce fut lui qui l’arrêta et la repoussa.
« Stop, stop… S’il te plaît… »
Bouleversé, Blake tendit doucement les bras pour l’éloigner… Il tremblait littéralement de désir, tenant Theyla à quelques centimètres de lui, incapable cependant de s’en détacher tout à fait. Un désir si intense, si impérieux et si violent qu’il lui faisait peur – peur pour la sauvegarde de la jeune fille. Pourtant, il avait terriblement envie d’y céder et il sentait combien il allait à l’encontre de ce que tout son être commandait : son corps réclamait celui de Theyla, mais il voulait aussi son cœur, son âme… Tout ce qu’il y avait de bon en lui était irrésistiblement attiré par elle.
« Pourquoi ? demanda-t-elle. Tu n’as pas envie de continuer ? »
Oh, par l’enfer, si ! Il n’avait envie que de ça ! Est-ce qu’un seul mâle digne de ce nom aurait pu résister, d’ailleurs ? Mais il savait ce qui arrivait, le plus souvent, lorsqu’il se laissait aller à ses envies, à ses instincts. Il se laissait déborder. Et alors…
Il se retrouva contre elle, le regard plongé dans le sien. Elle frissonna de la tête aux pieds à son contact. Elle avait les joues brûlantes, et sous le tissu de sa robe, Blake voyait clairement la pointe de ses seins durs et gonflés de désir.
« Viens… souffla-t-elle, fiévreuse. Viens tout contre moi. Laisse-moi te réchauffer, te remplir de vie… Laisse-moi te donner ce dont tu as envie.
– On dirait que ta peau est en feu, chuchota-t-il.
– Alors viens toucher le feu du bout de tes doigts… Ryan. Je veux ta peau contre la mienne… »
Plaçant ses mains de part et d’autre du visage de l’Irlandaise, il pencha la tête vers elle. Ses lèvres s’arrêtèrent à quelques centimètres des siennes. Que faisait-il ? Saurait-il vraiment résister s’il lui cédait, s’il allait plus loin ? N’allait-il pas tout gâcher ?
« Juste un tout petit peu… » se promit-il.
Le reste de ses pensées se perdit dans un flot de sensations tandis qu’il l’embrassait avec ardeur, comme s’il avait voulu la dévorer. Spontanément, Theyla s’arqua contre lui. Elle avait envie de lui, de lui tout entier. Serré contre elle, Blake ne pouvait pas non plus cacher l’intensité de son propre désir, comme le proclamait fièrement la raideur qu’il sentait contre son ventre. Leur baiser se fit plus ardent encore, et resserrant son étreinte, il eut l’impression de se fondre en elle, de ne plus faire qu’un avec elle.
Puis sa bouche froide glissa dans le cou de Theyla, faisant naître des frissons qui parcoururent tout son corps fragile. Il descendit vers sa poitrine, se remplissant d’elle, de sa chaleur, de son odeur si puissante, si douce, si follement attirante. Il sentait le sang tourbillonner sous la peau de la jeune femme, rugir dans ses veines.
Il comprima sa soif grandissante et continua à embrasser doucement le corps de Theyla. Ses dents effleurèrent les pointes de ses seins, et elle gémit doucement sous ses caresses en se cambrant contre lui. Il glissa ses mains sous sa robe, attrapa ses fesses pour la coller à lui, puis remonta lentement en suivant ses hanches.
Finalement, il tomba à genoux devant elle, bouleversé. Ses mains retroussèrent sa robe avec une sorte de hâte fébrile, ses doigts s’aventurèrent dessous, pétrissant sa peau douce et chaude et faisant frémir la jeune fille, et il enfouit son visage contre ses cuisses, s’emplissant de son parfum intime. Il frotta sa tête contre sa hanche avant de s’égarer sur son ventre chaud et palpitant, qu’il embrassa avec dévotion.

Extrait 17 de "La Stratégie des Ténèbres"
par Sklaerenn Baron (copyright)

Photo trouvée sur le Net.
Auteur inconnu.
Theyla… Il devait trouver Theyla. Il ne réfléchit même pas et descendit directement au sous-sol. Il était sûr que l’Irlandaise se cachait là, loin de tout le monde, dans ce qui lui servait de chambre, à lui…
Effectivement.
« Mauvaise nouvelle : tu n’as plus de whisky ! »
Theyla était assise au bord de son lit et tenait sa flasque à la main.
« Tu sais que ce n’est vraiment pas bon, ce truc ! ajouta-t-elle. C’est même très mauvais. »
Elle lui fit signe de la main pour qu’il approche et se pencha en avant pour murmurer :
« En plus, je suis sûre que c’est très mauvais pour la santé aussi.
– Si j’avais su que tu viendrais, riposta Blake, j’aurais prévu du lait et de la grenadine. Tu es ivre. »
Qu’elle était belle ! songea le vampire dans le même temps. Et même saoule, elle avait encore la classe d’une héritière de sang. Elle était ensorcelante, et lui, il était son prisonnier. Il sentit qu’il se damnerait pour elle. Sauf qu’il était déjà damné. Et que ça avait été pour elle, effectivement, quelque part. Ou du moins, à cause d’elle. De sa mort.
« Un peu pompette, oui, admit-elle. Je ne supporte pas ce genre d’alcool. En fait, reprit-elle en essayant vainement de se lever, je crois que je suis plus que pompette… J’aurai certainement besoin d’une transplantation de foie demain. »
Elle parvint enfin à se redresser et secoua la main d’un air négligent.
« Je comprends mieux comment fait Jack Sparrow pour marcher. Mais je suis moins sexy que lui. »
Elle titubait. Elle était vraiment très amusante, dans cet état. Blake s’approcha d’elle avant de l’enlacer fermement pour la retenir et l’empêcher de glisser par terre.
« Non, tu es plus sexy. Si tu étais Jack Sparrow, je ne te prendrais pas dans mes bras.
– Si j’étais Jack Sparrow, je ne me pendrais pas à ton cou comme ça… Quoique… »
Elle fit soudain la grimace.
« Oh là, là, ça tourne… Bah, tant pis ! S’il faut payer le prix, je le paierai. »
Blake sourit.
« Si tu savais que ce serait si difficile, alors pourquoi as-tu bu ?
– Tu ne fais jamais des choses idiotes, toi, peut-être ?… »
Touché.

Si cela vous plaît et que vous désirez vous procurer le livre, c'est sur le site des Editions Nergäl. Merci de votre intérêt et à bientôt. :)

Musique et écriture : la première scène de Ryan Blake

Aujourd'hui, j'ai envie de vous faire partager ceci, le titre qui m'a littéralement propulsée dans l'écriture de Ryan Blake. Il a inspiré la toute première scène que j'ai écrite pour le livre de "La Stratégie des Ténèbres". Ce n'est pas la première scène du livre, mais c'est la première que j'ai écrite.
Merci à Kamelot pour avoir composé ce morceau magique !

   

Et voici la scène en question. ATTENTION : extrait inédit !!!! Texte protégé par le droit d'auteur. 

Depuis des semaines, il s’était plongé dans le travail. Dans la chasse. Pour sauver les filles. Pardon, sauver les innocents. Pour protéger les innocents. Protéger Mael. Tuer les démons. Le taf, il n’y avait plus que ça qui comptait. Et il ne faisait que ça, à longueur de temps. Son corps accomplissait toutes sortes de mouvements avant même qu’il l’ait décidé, tant il était entraîné.
« Do your job, do your job, do your job… »
C’était ce qui le faisait tenir. Il réagissait comme un de ces foutus humains face à un chagrin d’amour. Ou le décès d’un proche. Lui, c’était les deux à la fois, en quelque sorte. Et il ne vivait plus que par le boulot. Si on pouvait appeler ça vivre. Mais au moins, ça lui procurait la dose nécessaire de violence dont il avait besoin pour rester encore debout.
Comme souvent, maintenant, il avait le MP4 de Theyla dans la poche. Il avait le sentiment de garder un peu de l’ancienne « elle » de cette façon. Il monta le son. Les violons de l’introduction « Solitaire » de Kamelot firent retentir leur charge à ses oreilles ; tout à fait ce qu’il fallait. Il avait l’impression d’entendre l’âme des Carpates l’appeler. Il n’était pas de là-bas, pourtant. Mais le Maître Vampire, oui… C’était idiot, cliché, mais ça le galvanisait.
L’attente ne fut pas longue. Les guitares saturées de « Rule the World » se déchaînèrent comme il lançait son premier coup de poing. Les démons étaient cinq. Bagatelle. Les violons continuaient. Blake n’entendait rien que la musique, mais ça lui convenait. Coup de pied, coup de poing, coup de boule. Des os craquèrent, des adversaires hurlèrent. Blake continuait sur sa lancée, sans jamais s’arrêter, comme suivant le rythme de la musique qu’il écoutait et qui faisait écho à une musique intérieure connue de lui seul. Une musique qui parlait de douleur, de violence, de sang et de mort.
« Vous vous battez comme des gonzesses, mes gros, les provoqua-t-il. Je croyais que ce serait plus amusant que ça ! »
Ils grommelèrent quelque chose qu’il n’entendit pas, perdu, plongé dans un déferlement musical.
« Allez, mettez un peu de cœur à l’ouvrage ! Venez prendre une leçon avec Oncle Blake ! Venez voir ce qu’est un vrai mec ! »
Il éclata d’un rire mauvais avant de se jeter de nouveau dans la mêlée. Échange de coups. Violents. Poings, pieds, tête. Encore et encore. Le sang coula…
Les cinq démons étaient à ses pieds. Un rictus étira les lèvres de Blake, fendues par un coup plus habilement porté que les autres. Il passa sa main sur sa bouche et lécha le sang qui s’y déposa. Puis il alluma une cigarette en ricanant. Rien de mieux qu’une bonne clope après une bonne bagarre…
« Les mecs, vous auriez vraiment dû vous entraîner un peu avant de vous frotter à moi. Que va dire votre foutue maîtresse en apprenant votre mort à tous ? »
Néanmoins, alors qu’il s’éloignait, certain d’avoir vaincu les cinq démons, quelque chose surgit derrière lui. Quelque chose qu’il n’avait pas entendu venir. Trois vampiresses. Trois Chasseresses.

vendredi 8 juin 2012

L'Imaginarius est en ligne !

L'Imaginarius, je vous en ai parlé voici quelques temps, lorsque je vous ai présenté les Fossoyeurs de rêves (dans cet article). Eh bien, j'ai le plaisir de vous annoncer que le premier numéro est en ligne depuis ce matin ! :) Pour le lire, c'est ICI !

Logo de l'Imaginarius
Voici la présentation de Gaëlle Dupille, créatrice et rédactrice en chef :

"L'IMAGINARIUS -le petit journal du fantastique-,
le premier magazine franco-québécois dédié à la littérature, à la BD et au cinéma fantastiques qui donne la parole aux nouveaux auteurs, aux libraires et aux éditeurs indépendants.
Tous les 2 mois, retrouvez : des nouvelles inédites, des interviews d'auteurs, les conseils littéraires, télé et cinéma de la rédaction, les coups de coeur des libraires et des éditeurs et des enquêtes liées au monde du paranormal, source d'inspiration inépuisable pour tous les auteurs de littérature fantastique.
Amateurs de frissons, soyez les bienvenus dans notre univers..."

J'ai eu le plaisir de participer à ce premier numéro pour divers articles, notamment une nouvelle, "La Mouche",  mais aussi un article sur la série télévisée Buffy contre les vampires, créée par Joss Whedon : "Comment Buffy a changé ma vie". Et j'ai la chance aussi de faire partie des coups de coeur de la rédaction, pour mon roman "La Stratégie des Ténèbres".

Programme complet de ce numéro 1 :
  • Les coups de coeur littéraires de la Rédaction, des Editions Voy'[El] et des Editions Callidor,
  • Une interview du psychanalyste et auteur Jean-Charles Bouchoux,
  • Une interview "BD" pour découvrir la librairie "Les Bullivores" à Périgueux, 
  • Quatre nouvelles inédites de Pascaline Nolot, Eloïse de Valsombre, Victor Moreau et Lord Edward,
  • Une interview de l'auteur Arnaud Bascou, à la recherche d'une nouvelle maison d'édition pour son roman "Le vol du corbeau",
  • La combustion spontanée,
  • Le mystère des chats noirs associés à la sorcellerie,
  • La série "Buffy contre les vampires" vue par la romancière Sklaerenn Baron,
  • Le film "Vorace" d'Antonia Bird commenté par Guillaume Guike Lemaitre,
  • Une interview de Deruos, de l'Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier qui nous explique en quoi consiste le Druidisme,
  • Des idées pour un séjour en Ecosse "pas comme les autres", 
  • 3 nouvelles inédites des Fossoyeurs De Rêves, groupe d'auteurs que nous vous présenterons,
  • Les interviews de Sabine Chantraine-Cachart, John Steelwood, Romain Billot, Stéphane Bourget, Sylvain Johnson, des Editions du Chat Noir, de Sortilèges Editions et de Batkilla, jeune et talentueux dessinateur bordelais qui a accepté d'illustrer ce numéro.
Comme vous voyez, il y a de quoi lire ! Alors... foncez ! :) Prochain numéro, en août.

Reportage-photo des Imaginales sur Facebook !


Visuel des Imaginales pour l'édition 2012

Bonjour à tous !

En attendant mon compte-rendu (ne me demandez pas quand, je n'ai toujours pas fait celui du SDL, alors imaginez un peu... ^^), vous pouvez toujours aller voir le reportage-photo sur le Salon du Livre sur ma page auteur, juste ici. Je vous en souhaite un bon visionnement. :)

Excellent week-end à tous !


Photo (c) Sklaerenn Baron